Témoignage de Lisa, volontaire à TARA
Lorsque je m’apprête à franchir le seuil de la porte de TARA Outreach Centre, des dizaines de petites tongs se chevauchent, lâchées à la hâte par les enfants pressés de retrouver leurs camarades. À chacune de mes entrées dans les locaux, un chœur de voix fluettes me salue en anglais et me donne le sourire pour la journée. Voilà de quoi s’est teinté depuis quelques mois, mon quotidien de volontaire à TARA.
Etudiante en Master de vingt-deux ans et n’ayant jamais intégré d’association ou d’ONG auparavant, j’ai ressenti la nécessité de me rendre utile, de me tourner vers les autres dans une période marquée par le repli sur soi. J’ai également souhaité prendre le temps de me connaître davantage et d’éprouver ma faculté d’adaptation. C’est de cette façon que j’ai rejoint TARA, dans le but de contribuer, même à ma petite échelle, à rendre les enfants maîtres de leur destin. Passer ses journées à leurs côté constitue d’ailleurs l’une des meilleures manières de s’immerger dans une culture différente de la sienne.
Sachant qu’ils avaient vécus ou vivaient des situations d’extrême vulnérabilité, je parvenais difficilement à imaginer les enfants que j’allais rencontrer. J’ai pu prendre conscience des conditions de vie des jeunes bénéficiaires de TARA Outreach Centre en suivant l’assistant social dans ses visites aux membres de la communauté. Pieds nus sur la terre battue, les déchets et les pavés, les enfants interrompaient chaque fois leurs jeux pour venir à notre rencontre. La plupart d’entre eux vivent dans des pièces uniques, peu salubres, avec leurs parents et leur fratrie parfois nombreuse. Les sanitaires, qui consistent bien souvent en une porte, un trou et un sceau, sont partagés avec une dizaine d’autres familles, ce qui n’offre que très peu d’intimité. Toutefois, cet environnement ne leur ôte ni le désir d’apprendre ni leur gaieté.
Naturellement et progressivement, j’ai appris à les connaître, à cerner leurs personnalité et leurs aspirations. Tous ces enfants nourrissent des rêves et TARA contribue à les aiguiller et les aider au mieux à les mettre en œuvre. J’ai été le plus touchée par la fraternité sincère qui nait entre eux. Ils deviennent des frères, des sœurs, des amis, des confidents. Ils se respectent et prennent soins d’eux mutuellement. Constater leurs progrès à différents niveaux procure une immense joie. Malgré les conséquences désastreuses de la pandémie sur leur scolarité, les bénéficiaires de TARA Outreach Centre font de réels bonds en avant grâce à leur propre volonté et au travail des professeurs, de la nanny et de l’équipe éducative. Je me réjouis de pouvoir aujourd’hui discuter en anglais avec certains des plus jeunes enfants avec qui je n’échangeais jusque là que par des gestes, des sourires et des rires. Il est d’ailleurs fascinant d’expérimenter les différentes formes de langage que l’on développe lorsque l’on ne parle pas la même langue.
L’expérience de ces quelques mois passés à TARA aura donc été riche sur les plans personnel et professionnel. J’y ai appris l’organisation, la méthode, la patience mais surtout la tolérance, la bienveillance et l’écoute. On m’a impliqué et l’on m’a pleinement intégré. On m’a laissé le temps de comprendre le fonctionnement interne et d’y participer à l’aune de mes capacités. J’ai pu éprouver la si réconfortante sensation qu’est le sentiment d’utilité. Chaque jour, les membres de TARA œuvrent pour rendre possible leur idéal. Un idéal d’équité, de compréhension et de partage. Ce volontariat demeurera pour moi l’une de ces précieuses expériences qui font d’une vie une grande échelle permettant de s’élever.
Publié le 26.04.2022